Sappho, Lesbos et l’Érotique au Féminin
- La Galerie
- 17 nov.
- 3 min de lecture

Une île, une voix, un feu lent
Spécial “Saphik, c’est Chic” — Samedi à la Galerie Art de Nuit
Sappho : celle qui osa nommer le désir
On l’appelait “la dixième muse”.
Mais Sappho n’était pas là pour chanter les dieux :
elle chantait les femmes,
les caresses,
les larmes mêlées au plaisir.
Elle osait ce que peu d’hommes de son époque faisaient :
parler du corps dans son intimité, sans détour, sans drame, avec beauté.
Poétesse grecque du VIIe siècle avant notre ère, Sappho vécut sur l’île de Lesbos, et fonda un cercle d’initiation poétique réservé aux jeunes femmes.
Un lieu d’apprentissage, mais surtout de partage sensuel, de jeux de regard, de transmission entre corps.
« Celui que j’aime m’a dit : tu es nécessaire, comme la lumière. »
— Sappho, Fragment 96
Ses vers, gravés sur des papyrus ou cités par des auteurs antiques, n’ont pas traversé les siècles sans dommage. Il n’en reste que des fragments, mais leur puissance évocatrice est intacte.
Chaque mot semble suspendu, retenu, comme une main sur la peau avant la caresse.
Sappho n’est pas un fantasme masculin.
Elle est l’origine oubliée du désir féminin exprimé par lui-même — sans filtre, sans hiérarchie, sans besoin d’un tiers.
Lesbos : cartographie d’un autre désir
L’île de Lesbos fut longtemps un centre de culture et de raffinement, et pas uniquement pour des raisons érotiques.
C’est un lieu où la poésie, la musique, l’étude et la sensualité formaient un tout.
Au cœur de cette tradition, le thíasos de Sappho : un cercle de jeunes femmes, parfois prêtresses, souvent amantes, qui apprenaient à se mouvoir, à chanter, à écrire — mais aussi à ressentir.
Ce n’était ni un harem, ni un pensionnat.
C’était un espace féminin autonome, un territoire de désir entre femmes,
à l’abri du regard masculin, sans être contre lui.
Un désir qui ne se justifie pas.
Un plaisir qui se raconte.
Un savoir du corps, transmis de femme à femme, dans la continuité du chant.
C’est ce lieu — symbolique plus que géographique — que nous évoquons aujourd’hui quand nous disons : “Saphik, c’est chic.”
De la muse oubliée à l’icône libertine
Sappho aurait pu disparaître dans les limbes du canon occidental.
Le Moyen Âge chrétien la censure.
La Renaissance ne la comprend pas.
Et pourtant, elle revient — fragmentée, mais brûlante — à partir du XIXe siècle, dans les marges, les cercles d’artistes, les salons féminins.
Pierre Louÿs s’en empare pour son Chansons de Bilitis, pastiches érotiques “sapphiques” illustrés par Willy Pogany.
Courbet la convoque, indirectement, dans Le Sommeil — deux femmes nues, lascives, entrelacées sur un lit défait.
Édouard-Henri Avril en fait une muse libertine dans ses gravures confidentielles.
Colette, Renée Vivien, ou Natalie Clifford Barney poursuivent son héritage dans la littérature féminine et amoureuse du début du XXe siècle.
Puis vient la scène queer, la contre-culture des années 70, les photographies de Nan Goldin, les films de Chantal Akerman… et la boucle se referme.
Sappho devient le signe d’un refus : celui de réduire la femme au rôle d’objet.
Et en même temps, le symbole d’une liberté incarnée, d’une sensibilité érotique qui n’a rien à prouver — seulement à être vécue.
“Saphik, c’est Chic” — ce samedi à la Galerie Art de Nuit
Ce samedi, Sappho revient. Par les corps. Par les regards. Par la fête.
“Saphik, c’est Chic” est une soirée pensée pour célébrer les formes multiples du désir féminin — entre femmes, avec les autres, en solo ou en constellation.
Un moment pour mettre à l’honneur la tendresse, le feu doux, les gestes précis, l’intensité calme de celles qui savent ce qu’elles veulent.
C’est une soirée ouverte à toutes, respectueuse, élégante, sensuelle.
C’est un espace où les complicités se tissent à l’abri du spectacle, où la délicatesse a sa place, où les codes sont inversés avec douceur, et parfois un sourire en coin.
🎭 Dress code :
Lingerie suggestive
Tailleur ou transparence
Loup, corset, détails de velours…
Tout ce qui dit “je sais” sans avoir à le montrer.




